Hallucinations collectives

Publié le par Ludovic Desvaux

C'est peut-être la première fois que je n'ai pas compris le rapport entre le titre et ce que j'ai vu... Alors oui, je suis d'accord, le but du jeu pour tout spectacle voulant attirer du public, donc pour tout spectacle, c'est de trouver un nom accrocheur, celui qui fait que, même s'il n'y a pas le moindre artiste connu à l'affiche, vous aurez envie de vous arrêter pour en savoir davantage et, qui sait, peut-être de vous laisser tenter. Mais faut quand même pas pousser Mémé dans les orties ! Hallucinations collectives ? Le seul phénomène hallucinant, et collectivement partagé, c'était l'inadéquation entre l'annonce et le contenu ! Si ça se trouve, c'est d'ailleurs précisément pour cette raison que le pitch n'était pas très clair et qu'il donnait très peu de détails. Était-ce un mauvais spectacle pour autant ? Non, loin de là, il était simplement hors sujet. Fabien Olicard, excellent animateur, tient le fil conducteur entre ses mains. Il s'entoure de différents artistes, dont on ignore l'identité à l'avance, et intervient systématiquement entre deux numéros. Finalement, on est plutôt dans un esprit de cabaret où chacun exerce sa spécialité. L'hôte nous fait un bon petit tour de mentalisme puis passe la main à un imitateur - chanteur qui lui-même se fait relayer par un expert impressionnant de la mnémotechnique qui mémorise, dans l'ordre, une liste de 20 mots complexes et saugrenus donnés par les spectateurs. Viennent ensuite des personnalités plus renommées, qui nous éloignent encore plus prodigieusement du sujet : Verino, que je ne connaissais que de nom, qui est un très bon humoriste et qui m'a donné envie d'aller le voir dans son prochain spectacle. Puis Gérald Dahan, réduit à une salle de 200 têtes, et qui arrive néanmoins sur scène en disant qu'il n'a rien préparé ; intox ou info, difficile à dire, mais maladroit, quoi qu'il en soit, même s'il s'en sort très bien en nous racontant les coulisses de son canular téléphonique le plus célèbre, celui de Chirac appelant soi-disant Domenech et les Bleus. Et alors qu'on a l'impression que la programmation va crescendo, on finit avec Yvette Leglaire, révélé(e) dans Un incroyable talent, et qui fête ses 10 ans de carrière le lendemain, en nous suppliant presque de venir assister à son spectacle : un carnage total, qui me fait dire que s'il y a bien une chose dont je suis sûr, c'est que je n'irai pour rien au monde. Comme dans tout travail de patchwork, il y a du bon et du moins bon. Le tri étant effectué, l'essentiel est de révéler des talents que l'on aura plaisir à retrouver. C'est chose faite avec Fabien Olicard, et plus encore avec Verino.

Ville : Paris.

Salle : le Grand Point Virgule.

(archive août 2015)

Publié dans Spectacles

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